Les AS et les CTSS de l’académie de Versailles se rebiffent

À l’origine, une promesse non tenue…

Célia Boudefoua, secrétaire départementale du SNUAS FP 91, a été interpellée dès la fin du mois de janvier par ses collègues.

Alors que le ministère avait promis de verser enfin la prime REP+, mettant ainsi un terme à une injustice de plusieurs années que différents tribunaux administratifs avaient eux-mêmes reconnue, non seulement celle-ci ne figurait pas sur les fiches de paie de janvier, mais la prime REP elle-même avait disparu.

Un rapide tour des académies permet de comprendre que ce mauvais traitement s’est appliqué partout.

Sauf que, dans l’académie de Versailles, de nombreuses collègues ont été impactées. Elles ont décidé de ne pas laisser passer cela et de se battre.


… qui alimente une légitime colère

Au fil des mois, face aux explications confuses suivies de silences gênés, puis à l’annonce que ces primes seraient désormais proratisées — et donc ponctionnées —, la colère est montée.

Il n’était pas question de digérer encore une fois cette dernière injustice, d’autant que la liste est longue :

  • privées de la CTI (équivalent de la prime Ségur dans la fonction publique),
  • cantonnées à une petite catégorie A,
  • non reconnues dans leurs missions,
  • oubliées de toutes les annonces de revalorisation salariale…

Cela n’est pas acceptable !


Dans le 91 et le 95, le terrain s’organise, soutenu par le SNUASFP FSU

Alors, les AS et CTSS se sont organisées. Elles ont commencé par se réunir pour rédiger un courrier, circulé entre les collègues du 91 et celles du 95.

Elles rappellent qu’elles :

« sont en première ligne face à la montée du mal-être des élèves et à la complexité des situations familiales à prendre en charge pour favoriser la réussite scolaire des enfants durant cette période socialement et économiquement tendue. »

Elles constatent qu’elles sont :

« les grandes oubliées au sein du ministère de l’Éducation nationale, que ce soit au niveau des primes, de la revalorisation indiciaire ou encore de l’agenda social. »

Elles énumèrent précisément les points ayant suscité leur indignation et concluent avec force :

« Face à l’accumulation de tant d’incompréhension, de mépris, d’injustices, d’iniquités et de méconnaissance de notre métier et de nos différentes fonctions, nous sollicitons une audience afin d’exprimer et d’expliquer de vive voix nos revendications. »

Et pour peser davantage :

« Dans l’attente de pouvoir nous exprimer, nous vous informons que nous ne transmettrons pas nos statistiques. »

Ce positionnement clair et courageux a été affirmé lors d’un rassemblement simultané, le lundi 19 juin, devant les DSDEN du 91 et du 95.


Premières réponses… et suite de la mobilisation

Une délégation SNUASFP FSU dans l’Essonne et une autre SNUAS FP FSU/SGEN-CFDT dans le Val-d’Oise ont été reçues. En tout, près d’une centaine de courriers individuels ont été déposés.

Les audiences ont permis d’exposer les enjeux :

« Lors de cette audience, nous avons pu faire part de notre contexte professionnel de plus en plus complexe. Ont ensuite été abordés : la proratisation des primes REP et REP+, le CTI (ou prime Ségur), notre grille salariale et notre impression d’un vrai manque de considération », explique Célia Boudefoua.

Le DASEN a indiqué qu’il était favorable à une proratisation “soutenante” et “aussi favorable que possible”. Pour le reste, il a précisé que cela ne relevait pas de sa compétence.

Même type de réponse dans le 95 :

« On nous a répondu que notre travail était reconnu au sein de la DSDEN, que personne ne sous-estimait l’importance de notre rôle dans les établissements scolaires. On nous a dit que des mesures seraient prises pour atténuer les conséquences de la proratisation. Mais au-delà de cela, ce n’est plus du ressort du DASEN. »


Et maintenant ?

Une même conclusion s’est imposée à l’issue des deux rassemblements :

« Les collègues ne veulent pas en rester là, c’est une évidence. Il nous faut maintenant aller au rectorat », conclut Célia Boudefoua.

C’est donc la prochaine étape de cette mobilisation inédite, et le rendez-vous est d’ores et déjà pris pour juillet.


Albine Caillie