La section du SNUAS FP FSU de l’académie de Clermont s’inquiète des dérives actuelles en matière d’accueil des personnes migrantes dans notre région.
En effet, depuis janvier 2024, nous, assistant.es de service social en faveur des élèves, constatons dans les
établissements scolaires que le nombre de personnes, y compris des familles avec enfants voire avec nourrissons, se voyant refuser l’accès à un hébergement par le 115 est en nette augmentation. Une sélection sur la base de la régularité du séjour pour les étrangers se met ouvertement en place, dérive intolérable permise par l’adoption de la loi immigration.
Nous sommes confronté.es chaque jour à ces familles qui se tournent vers nous car nous sommes un des
derniers service public à recevoir en urgence, qui nous supplient de leur trouver une solution pour ne
pas dormir dehors le soir même.

Nous sommes démuni.es, nous n’avons plus aucune marge de manœuvre. Les associations d’aide aux plus précaires sont saturées de demandes.
Le 8 avril, une soixantaine de personnes dont 22 enfants et des femmes enceintes, se sont installées
dans un campement Place du 1er mai, soutenues par des associations, des syndicats et des militant.es.
Ces personnes sont pour certaines sans papier, d’autres en attente de renouvellement suite à la lenteur
intolérable des services de la Préfecture du Puy-de-Dôme, d’autres encore sont demandeuses d’asile en
attente d’une place en CADA, certaines déboutées de leur demande.
Cette mise en lumière par l’utilisation de l’espace public a été décidée suite aux mesures intolérables
prises par la Préfecture début avril.

Les personnes sans papier se sont vu exposées à un choix inhumain: soit elles acceptent l’aide au retour
vers un pays qu’elles ont fui, où elles sont en danger et que leurs enfants ne connaissent pas, soit elles sont expulsées des hébergements d’urgence du 115. Une véritable honte! Quelques jours plus tard, suite à des contrôles illégaux par les services de la Préfecture avec l’insécurité qu’ils engendrent pour ces familles, il a été décidé d’occuper la Maison du Peuple, berceau des syndicats à Clermont.
Le parking d’abord puis la grande salle. Le mot d’ordre est clair: demander l’asile municipal à
la Mairie de Clermont-Fd pour qu’elle héberge ces familles. La ville a renvoyé la responsa
bilité à l’Etat et à la Préfecture. Voilà où nous en sommes à ce jour.
Quel avenir pour ces personnes ?
Pour ces familles ? Pour nos élèves ?
Nous ne pouvons rester insensibles à cette situation. Nous sommes humain.es, notre mission d’ASS
EN est de les soutenir, les écouter, les accompagner. Nous le faisons chaque jour. Cependant, nous n’avons pas de baguette magique.
C’est le rôle des pouvoirs publics d’assumer la responsabilité de mettre à l’abri les plus précaires.
L’Etat ne peut pas uniquement compter sur la solidarité des militant.es, sur des solutions de
fortune qui n’ont de solution que le nom. Non, dormir dans une cave n’est pas une
solution, s’entasser à 7 chez des amis n’est pas une solution, que des personnels de l’Education Nationale
payent des nuits d’hôtel n’est pas une solution. L’Etat doit prendre ses responsabilités, les collectivités
territoriales doivent le lui rappeler!
La politique en matière d’hébergement d’urgence doit être une priorité et un tri lié à la détention ou
non de titre de séjour en cours de validité ne peut que faire honte à la France, pays des Droits de l’Homme.
