Alors que les vacances d’été arrivent, la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre
l’Assemblée Nationale après les élections européennes à bouleverser la fin d’année
scolaire en laissant craindre l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir. Face à cela, la
réaction unitaire de la gauche a permis d’éviter le pire. Les forces syndicales et
associatives ont pris toute leur part dans ce combat pour éviter le grand basculement. Si
nous pouvons nous réjouir que l’extrême-droite ne soit finalement que la troisième force
politique à l’Assemblée Nationale, il est indispensable de garder à l’esprit qu’il ne s’agit là
que d’un sursis temporaire. 2027 est déjà demain et nul doute qu’en l’absence de toute
amélioration dans la vie quotidienne des français.e.s, ce sursis risque d’être révoqué sans
qu’il ne soit cette fois-ci possible de l’empêcher.
Pour ce qui concerne les assistant.e.s et conseiller.e.s techniques de service social, nous
ne pouvons que pousser un grand soupir de soulagement : nos missions, notre éthique,
notre déontologie, ne sauraient s’accorder avec un gouvernement d’extrême-droite. La
responsabilité de la majorité présidentielle est immense dans cette situation : 7 ans de
destructions des acquis sociaux, 7 ans de gouvernance autoritaire à coup de matraques et
de 49-3, 7 ans de déclarations méprisantes, de dialogue social mis à l’arrêt. La
désespérance issu de plusieurs années d’orientation libérale a permis à l’extrême-droite
de prospérer. La gauche qui, de manière toute relative, sort légèrement majoritaire de ces
législatives a su créer un espoir qui oblige : le décevoir ne ferait que renforcer l’arrivée au
pouvoir du rassemblement national.
Face à un pays fracturé, divisé, il est plus que jamais indispensable de nous parler, de
débattre, de croiser les regards. En somme, de reconstruire des liens et du commun. De
dessiner d’autres alternatives basées sur un partage des richesses et des ressources. De
redonner toute leur place aux services publics partout sur le territoire avec les moyens
nécessaires pour répondre aux besoins. De renforcer l’école publique pour faire reculer
l’obscurantisme et permettre l’émancipation de chacun.e.
Tous ces combats à mener, auquel s’ajoutent les nombreuses revendications des
assistant.e.s et conseiller.e.s techniques de service social ne se gagneront que par une
pression forte des citoyen.ne.s. Quelque soit les contours du prochain gouvernement, la
nouvelle assemblée nationale ne donne aucune majorité suffisamment forte pour
permettre une réelle rupture des orientations politiques. Dès lors, c’est aussi à travers une
mobilisation sociale et notamment des salarié.e.s que nous pourrons réussir à envisager
de redonner l’espoir d’une société plus juste.
Il est toujours minuit moins le quart et si l’horloge est pour le moment bloquée, notre
responsabilité est immense : il nous incombe de veiller à ce que cette horloge ne reprenne
pas une marche qui dessinerait un avenir délétère.
Pour conclure cet éditorial, reprendre mot pour mot la conclusion de l’éditorial de la revue
de juillet 2023 s’impose tant elle est malheureusement toujours cruellement d’actualité :
Pour notre bien-être, il est urgent de mettre à profit les vacances qui arrivent pour
couper, profiter du temps pour soi et pour les siens, recharger les batteries…Mais à
n’en pas douter, les vacances n’arrivent pas seules et il sera de la responsabilité de
chacun.e de se lever et de se rassembler dès la rentrée pour résister à ces multiple
attaques. La bête immonde rôde, de moins en moins tapie dans l’ombre, elle se
rapproche et nous habituer silencieusement n’est pas une option.
« Un jour on le prend dans la gueule et il est trop tard pour l’expulser ». N’attendons
plus, rassemblons-nous, recréons du commun, dessinons d’autres possibles,
imposons le social au centre des préoccupations, réaffirmons le rôle essentiel des
services publics, préservons la démocratie qui est si fragile !
Brice Castel