Une histoire de lien(s)

Pour nous, assistant.e.s et conseiller.e.s techniques de service social, le lien n’est pas une métaphore : il
s’agit de notre matière première, de notre boussole dans l’exercice de nos missions et bien souvent, de la
motivation de notre engagement dans une profession trop souvent malmenée.
Être assistant·e sociale à l’Education nationale et dans l’enseignement supérieur, c’est faire du lien entre
les élèves, les étudiant.e.s et les personnels et l’institution, au sein des familles, avec les équipes
éducatives et les partenaires, entre les difficultés individuelles et les causes collectives.
Nous sommes les professionnel.le.s du lien : celui qui apaise, qui soutient, qui répare, qui protège. Celui
qui redonne du pouvoir d’agir là où il n’y avait parfois plus que du silence ou de la détresse.
Mais ce métier du lien est aujourd’hui mis à mal. Nombreux sont les choix politiques qui ont brisé le lien
avec la réalité de terrain. On nous parle de santé scolaire, de bien-être, de prévention, mais les budgets
restent contraints en raison de choix politiques et non pas, comme on voudrait nous le faire croire,
d’obligation. Ces choix politiques sont la cause de l’absence de revalorisation à la hauteur des missions
exercées, des postes non créés malgré les besoins qui explosent.
De choix et même, de stratégie politique, il en est également question dans le développement du discours
sur la santé scolaire et la santé mentale. Médicaliser ou psychologiser les difficultés dont beaucoup
prennent racines dans les conditions de vie, dans la maltraitance institutionnelle ou encore dans une
histoire de vie complexe, c’est invisibiliser les causes de ces difficultés. Cela permet aisément de servir de
paravent afin d’éviter toute remise en cause du lien entre le mal-être et le système tel qu’il existe.
Mais il y a aussi des liens puissants, que nous avons construits ensemble.
Celui qui relie les mobilisations du printemps 2024, et notamment le 22 mars, mobilisations qui ont
permis de gagner une revalorisation indemnitaire non-négligeable à un moment où des coupes budgétaires
brutales s’opéraient. Cette même mobilisaiton du SNUASFP FSU dans les CROUS en octobre 2024 qui a
permis d’étendre cette revalorisation aux assistant.e.s et conseiller.e.s techniques de service social des
CROUS.
Il y a, à n’en pas douter, un lien évident entre entre l’audience à l’Élysée en octobre 2024, les nombreuses
audiences au MEN et à la Fonction Publique, et l’annonce par Élisabeth Borne, lors des Assises de la
santé scolaire, de créations de postes à partir de 2026. Si ces annonces de postes n’en sont encore qu’au
stade des promesses, elles ont été faites publiquement et le SNUASFP FSU sera vigilant pour en voir
l’aboutissement.
Il y a le lien direct entre les nombreuses interpellations de parlementaires, de décideurs, de recteurs, et le
fait que notre profession est enfin un peu plus visible dans le débat politique. Gageons que sans cette
mobilisation quotidienne, jamais les assistant.e.s et conseiller.e.s techniques de service social n’auraient
été évoquées par la Ministre lors des assises de la santé scolaire.
À force d’interpeller, d’expliquer, d’exiger, nous rendons peu à peu visible l’invisible.
Et surtout, il y a le lien solidaire qui relie les engagements individuels de tant de collègues à une
reconnaissance collective.
Ces collègues qui ne comptent ni leurs heures, ni leur énergie, ont fait reculer l’invisibilité. Ce n’est pas
“rien”. C’est le point de départ de toutes les victoires à venir.
Que dire sur ce lien entre nos vécus professionnels pluriels et une réalité commune : surcharge,
injonctions paradoxales, isolement, engagement.
Et face à cela, il y a le lien collectif rendu possible par l’outil syndical. Celui qui transforme la colère en
action, la fatigue en revendication, l’isolement en force partagée.
Ce lien collectif, c’est notre bien commun. Et il est plus fort que toutes les logiques comptables et
technocratiques.
Imaginons ce que nous pourrions faire si nous étions plusieurs centaines à nous engager syndicalement,
même quelques heures par an.

Imaginons si nous étions toutes et tous syndiqué·es. La force de frappe que nous pourrions déployer. Les
montagnes que nous pourrions soulever.
En cette fin d’année scolaire, le SNUASFP FSU est heureux de vous présenter son nouveau site internet.
Fruit d’un travail acharné de vos collègues, nous espérons que vous y trouverez au quotidien toutes les
informations tant sur votre carrière, vos droits et vie professionnelle que sur la vie syndicale. Une autre
forme de lien entre nous…
Continuons de le tisser. Ensemble.