Les lectrices et lecteurs avertis noteront que cette revue de printemps parait avec quelques jours de retard sur le calendrier habituel.
Mais rien n’a été pareil en cette année 2024 qui s’annonçait pourtant bien morose. Du discours de politique général d’Attal qui résonnait comme une sorte d’uppercut de mépris pour les assistantes sociales de l’éducation nationale, nous avons su collectivement en faire un moteur exceptionnel pour donner enfin voix à la légitime colère de toute une profession.
Mobilisées comme jamais sur différentes dates de grève et de manifestation, le point d’orgue est
assurément la journée du 22 mars 2024 au cours de laquelle largement plus d’un tiers de nos collègues se sont retrouvées ensemble pour se rendre visibles sur les pavés parisiens. Du jamais vu de mémoire de militante (même ancienne). Surtout que l’ambiance à la fois festive mais combattante, solidaire
mais contestataire, joyeuse mais déterminée a gravé durablement les mémoires. Les nôtres bien sûr
mais aussi celles de nos dirigeants qui ont sans doute enfin compris l’état d’esprit d’une profession qui
est à bout et qui ressent l’urgence d’agir.
Beaucoup de leçons sont à tirer de ce mouvement. La première est qu’il faut absolument continuer pour aller chercher une à une chacune de nos revendications. Le problème de nos grilles indiciaires est enfin devenu un sujet pour notre ministère mais aussi celui de la fonction publique. A nous de maintenir la pression pour que de véritables solutions soient apportées. La réponse indemnitaire qui distingue
les territoires et oublie une partie de nos collègues montre bien toute sa faiblesse et son insuffisance.
La seconde leçon c’est que seule la lutte collective permet d’imposer à ce gouvernement la mise sur la
table de sujets aussi importants que la revalorisation de notre grille indiciaire, la création massive de postes, l’amélioration des conditions de travail et la mise en lumière du rôle majeur des services
sociaux dans notre société.
Le troisième c’est que cette lutte collective a absolument besoin de l’outil syndical. Le SNUASFP FSU
s’est énormément engagé dans l’organisation et la réussite de la journée du 22 mars en mobilisant
ses forces vives et en s’assurant que tous les territoires puissent y participer. Dans le même temps le
SNUAS FP FSU a multiplié les contacts, courriers et demandes d’audience pour porter les revendications de la profession comme il le fait depuis maintenant 30 ans.
Mais cet outil syndical gagne en force et en efficacité lorsque nous sommes toujours plus nombreuses
à le faire vivre.
Continuons donc à nous rassembler, à nous syndiquer et à faire adhérer : l’intelligence collective, l’inventivité de chacun.e, le soutien des un.e.s et des autres, autant de composants indispensables pour
que ce printemps 2024 marque le début d’un mouvement d’ampleur nous permettant de ne
plus jamais accepter d’être maltraité.e.s et invisibilisé.e.s.
Surtout que les combats ne manqueront pas dans les semaines et mois à venir : outre la question
de la rémunération et des moyens pour les services sociaux de l’Éducation Nationale et du Supérieur, le projet de loi sur la Fonction Publique annoncé à l’automne s’annonce particulièrement inquiétant pour le statut des fonctionnaires. Les menaces pèsent toujours plus fortement sur une restructuration de la santé scolaire placé sous la coupe des médecins scolaires pour toujours plus médicaliser les difficultés sociales en exonérant de toute responsabilité les orientations politiques menées. Enfin, ce sont les diplômes d’État du travail social qui semblent devoir être attaqués avec la possible disparition de la réglementation de la
profession d’assistante sociale.
Une façon là encore de contourner les difficultés d’attractivité liées aux salaires et aux conditions de
travail en affaiblissant toujours plus celles et ceux qui sont engagé.e.s chaque jour sur le terrain et à travers elles et eux, celles et ceux qui sont accompagné.e.s. Nous avons démontré toute notre force ces
derniers mois, continuons à être déterminé.e.s pour faire reculer toutes ces menaces et défendre un travail social porteur de sens !