Faire converger les parallèles

Un constat s’impose depuis déjà plusieurs mois : le pouvoir jupitérien tel qu’il aime à se définir donne souvent l’impression d’être dans une réalité parallèle.
Des priorités politiques souvent déconnectées des réalités quotidiennes des français, résultat de calcul politicien visant à diviser pour mieux régner, des prises de parole allant jusqu’à changer le sens même des mots, une gouvernance surfant sur l’émotion médiatique du moment à l’encontre de toute prise de hauteur normalement constitutive de l’exercice du pouvoir.

Pire que cela, un président et un gouvernement qui ne cessent de gouverner contre les citoyens et leur expression légitime : contre un mouvement de refus d’une réforme des retraites massif et inédit ; contre la jeunesse qui n’aspire qu’à construire un monde différent ; contre les syndicats et les associations qui refusent la mise au ban des bénéficiaires du RSA, ici les réformes de l’Éducation ou encore les reculs sans précédent sur les libertés publiques au prétexte de JO à venir…

Pendant ce temps-là, avec la bénédiction pleine et entière des gouvernants, une poignée d’ultra riches continuent de s’enrichir, une majorité de bientôt ultra pauvres galèrent à finir les fins de mois.
Entre les deux, une conduite autoritaire et violente de toutes les contestations. Gouverner dans une réalité parallèle, en considérant que les citoyens ne savent pas ce qui est bon pour eux, c’est partir du principe que deux mondes coexistent : l’un regroupant une minorité de « sachants », l’autre une majorité d’« ignorants ».
C’est un glissement démocratique qui promet des lendemains inquiétants et difficiles pour tous.

Pour les services sociaux de l’Éducation Nationale, ces mondes parallèles se manifestent amèrement en cette rentrée : une menace de décentralisation au prétexte d’une amélioration de la santé scolaire alors que dans le même temps, l’action sociale dans les départements, à commencer par la protection de l’enfance, est à l’agonie ; une volonté de piloter l’activité du SSFE par les chiffres en imposant une nouvelle enquête santé/sociale alors même que les chiffres sont éloquents sur le manque de postes mais qu’ils ne conduisent jamais à en créer. À cela s’ajoute le dossier harcèlement dont l’importance dans les actes est inversement proportionnelle aux agitations médiatiques de notre Ministre, incapable dans le projet de budget 2024 de traduire en actes les moyens nécessaires sur ce sujet.

Mais ces derniers mois sont aussi porteurs de promesses.
La formidable dynamique collective de contestation de la réforme des retraites en est l’illustration : un pouvoir qui gouverne contre son peuple se heurte nécessairement un jour ou l’autre à la réalité et vacille.
S’il a réussi à garder son équilibre jusqu’à maintenant, ce dernier est de plus en plus précaire.
Et c’est précisément pour cela qu’il est nécessaire de continuer à arpenter le terrain pour convaincre chacun·e de l’intérêt à se rassembler et à mettre en débat les propositions portées par le syndicalisme.

Ne nous y trompons pas, la période est difficile, les politiques menées souvent démoralisantes mais ce qui n’était qu’un frémissement ces dernières années se confirme en cette rentrée 2023 : les personnels sociaux du MEN ont décidé de relever la tête et de ne plus subir.
Ils/elles adhèrent massivement au SNUASFP FSU pour s’approprier l’outil syndical, faire valoir leurs droits et porter une parole trop souvent ignorée par notre ministère.

Ce que le SNUASFP FSU construit, il le fait avec vous, ses militant·e·s sont d’abord vos collègues et leur action ne peut exister qu’enrichie par la participation du plus grand nombre.
Se syndiquer, faire adhérer ses collègues, c’est permettre à la réalité de s’exprimer encore plus fortement et imposer à ce pouvoir de regarder la réalité en face.
C’est finalement permettre la confrontation entre deux mondes, le leur et le nôtre, et faire converger des parallèles pour décider ensemble du monde dans lequel nous voulons vivre !

Brice Castel