Santé scolaire – Une mauvaise idée motivée par des logiques comptables

Si l’idée est loin d’être nouvelle voire même une espèce de retour dans un lointain passé, force est de constater que depuis 2020 et plus encore ces derniers mois, nous assistons à une volonté assumée de dissoudre le service social en faveur des élèves dans une équipe médico-sociale externalisée des établissements scolaires.

Un rapport de la Cour des Comptes en avril 2020 en posait les jalons avec approche purement comptable et totalement éloignée de la réalité de terrain.
En mai dernier, c’est le rapport d’information parlementaire de Robin Reda qui envisageait un tel scénario en écho avec les conclusions de 2020.
Et puis, tout récemment, au cœur de l’été, le rapport des inspections générales sur l’avenir de la santé scolaire est publié avec, comme attendu, des préconisations allant dans la même direction que les dernières publications tout en y ajoutant la question de la décentralisation à court terme.

Un rapport avec des constats confirmant les analyses du SNUASFP FSU sur le manque de moyens…

Ce rapport permet au moins d’obtenir des chiffres que le ministère est toujours bien en peine de fournir et leur lecture ne fait malheureusement que confirmer une réalité constatée chaque jour :
le nombre de professionnel·le·s est très largement insuffisant rapporté au nombre d’élèves et d’établissements !
Les rédacteurs du rapport vont même plus loin en expliquant que les assistant·e·s de service social sont obligé·e·s de faire des choix dans les missions exercées au regard du manque de moyens.
Ce n’est pas une surprise et le SNUASFP FSU ne peut que se féliciter de voir ses analyses confirmées par un rapport des inspections générales.

… mais incapable de sortir du dogme budgétaire contraint !

Pour autant, ce rapport démontre encore une fois à quel point le dogme de la réduction des coûts des services publics est tenace.
Partant du principe que des créations de postes à la hauteur des besoins sont illusoires, les rédacteurs proposent une restructuration en équipe médico-sociale incluant médecin scolaire, infirmières, assistant·e de service social et PsyEn.
Dans le même temps, il est recommandé de revoir le périmètre des missions pour le restreindre sur des priorités clairement définies.

Par ailleurs, la question du portage institutionnel est clairement posée : le rapport évoque deux scénarios, l’un avec le maintien à l’Éducation Nationale, l’autre avec une décentralisation aux départements.
Si le rapport pointe les freins existants à une décentralisation, il n’en reste pas moins que ce scénario est celui qui est le plus étudié en profondeur avec un certain nombre de recommandations permettant justement de lever les freins existants et même une proposition de calendrier.

Une réponse à une commande politique

En réalité, ce rapport ne fait que répondre à une commande politique tout comme les derniers rapports ont pu le faire.
Plutôt que d’envisager un investissement massif dans la politique éducative sociale et de santé à l’école, ces recommandations ne visent qu’à répondre à une équation budgétaire : diminuer le budget de l’État en le confiant aux collectivités qu’il sera facile d’accuser d’être responsables en cas d’aggravation du déficit, centrer la politique éducative sociale et de santé sur les seuls indicateurs figurant dans les lois de finance à savoir le nombre de visites médicales effectuées au détriment de toutes les autres missions des professionnels concernés, et se déresponsabiliser en cas de situation dramatique faisant l’actualité.

Le SNUASFP FSU à l’offensive

Le SNUASFP FSU a interpellé directement le Ministre de l’Éducation Nationale en audience dès le 21 août sur ce sujet.
Sa réponse, loin d’être rassurante, a consisté en un tour de passe-passe rhétorique pour expliquer qu’il était tout à fait possible d’après lui d’innover largement pour résoudre les difficultés constatées dans l’exercice des missions de la santé scolaire.
Cette tentative habile de ne pas s’engager ni sur la question de la décentralisation, ni sur celle d’une restructuration en équipe médico-sociale augure mal de l’avenir du SSFE au sein des établissements scolaires et à l’Éducation Nationale.

Le SNUASFP FSU est revenu à la charge auprès de la DGESCO qui a temporisé au sujet de la décentralisation sans toutefois pouvoir lever les inquiétudes soulevées.
Pour le SNUASFP FSU, il est totalement inacceptable d’envisager de faire payer aux personnels sociaux l’incurie du ministère de l’Éducation Nationale qui n’a jamais pris ses responsabilités pour investir à la hauteur des besoins dans la politique éducative sociale et de santé.

Si la condition principale pour une décentralisation posée par le rapport consiste à augmenter les moyens dédiés, alors les constats posés en introduction et justifiant cette réorganisation et cette décentralisation tomberont d’eux-mêmes !

Le SNUASFP FSU continuera de vous informer des suites de ce dossier et sera à l’offensive pour contrer toute velléité de médicalisation du service social en faveur des élèves et de décentralisation.
Le SNUASFP FSU vous appelle à mettre en débat collectivement toutes les réponses possibles pour contrer ce projet s’il devait se préciser, à se rassembler le plus largement possible en adhérant au SNUASFP FSU pour faire entendre le plus fortement possible la voix de notre profession !