Encore une fois un drame a jeté une lumière crue sur la problématique du harcèlement scolaire.
Si pendant des décennies l’école a minimisé voire nié ce phénomène, il est faux de dire aujourd’hui que ce déni persiste.
Surtout que depuis 10 ans les Ministres, de tous bords, ont multiplié les annonces :
- 2011 : organisation des assises sur le harcèlement à l’école sous Chatel
- 2012 : lancement d’une grande campagne de sensibilisation contre le harcèlement à l’école avec la mise en place de boîte à outils pour les établissements.
Reconnaissance de la notion de harcèlement scolaire dans la loi « refonder l’école » (permettant des recours judiciaires en cas de dépôt de plainte des victimes) sous Peillon et Hollande - Novembre 2013 : annonce de huit mesures pour agir contre le harcèlement à l’école par Vincent Peillon
- 2014 : campagne nationale « Non au harcèlement » avec mise en place de numéros verts
- Février 2015 : présentation d’un plan de lutte contre le harcèlement scolaire par Najat Vallaud-Belkacem
- Juin 2019 : annonce d’un plan d’action en 10 mesures par Jean-Michel Blanquer
- 18 novembre 2021 : lancement d’une application qui permettra de signaler les faits de harcèlement scolaires en transmettant les captures d’écran, annoncé par Macron
- 24 février 2022 : instauration du délit de harcèlement scolaire
- Août 2023 : deux décrets paraissent au Journal officiel, l’un pour faciliter le changement d’établissement scolaire des élèves harceleurs, l’autre pour permettre des sanctions contre les collégiens et lycéens coupables de cyberharcèlement
- Septembre 2023 : nouvelles annonces « électrochoc » par le Ministre Attal
Certes la prise de conscience de ce phénomène très ancien et totalement banalisé par le passé s’est faite de manière très progressive et bien trop lente dans beaucoup d’établissements.
Les repères des professionnels ont dû être bousculés pour que ne soit plus ignorée cette espèce de violence ordinaire qui pouvait sévir dans bien des écoles.
Nous, assistantes sociales scolaires, avons très souvent été en première ligne pour à la fois entendre le malaise des élèves mais aussi pour tenter de le faire comprendre aux équipes éducatives.
Nous savons depuis très longtemps que le décrochage scolaire et l’absentéisme pouvaient résulter d’un mal-être au sein des établissements scolaires.
Nous savons aussi que l’élève qualifié de harceleur a besoin d’un accompagnement car ce type de comportement est l’expression d’une souffrance ou d’une difficulté importante à vivre.
Un simple déplacement d’établissement n’est pas une réponse éducative pour cet élève.
Et ce dont nous sommes absolument persuadés également, c’est que ce n’est pas en enchaînant les effets d’annonces à grand coup de menton et de « yaka fokon », qu’on réglera le problème du harcèlement scolaire.
Les 10 dernières années, qui comptent presque autant de plans d’action, dispositifs législatifs et numéros verts, en sont la preuve.
Les drames ont toujours lieu.
Ce qu’il faut, ce sont des personnels qualifiés et présents régulièrement dans les établissements scolaires, des professionnels de l’écoute, de la médiation et de la parentalité qui savent pertinemment qu’un courrier administratif ne solutionnera en rien les angoisses d’une famille alors qu’un long entretien peut permettre d’apaiser les choses.
Bref, il faut davantage d’assistantes sociales scolaires pour mener en équipe des actions de prévention, recueillir la parole, évaluer les situations dans toutes leurs dimensions (y compris juridique), bref apporter un regard spécifique dans le respect de tous.
C’est ce message qu’a martelé le SNUASFP FSU lors de la table ronde organisée par le Ministre Attal, lundi 25 septembre dernier, et rappelé dans un courrier de demande d’audience.
Albine CAILLIE